Christophe Provot, Directeur général du Sigeif
Le SIGEIF est très engagé dans la transition énergétique. Pouvez-vous nous parler des initiatives récentes que vous avez mises en place pour développer la production d’énergie locale en Île-de-France ?
Le Sigeif, Syndicat intercommunal pour le Gaz et l’Électricité en Île-de-France qui regroupe aujourd’hui 192 collectivités (5,7 millions d’habitants) est né en 1904. Son histoire est marquée par sa capacité à accompagner, souvent anticiper, les tournants énergétiques. La transition énergétique, il la pratique donc depuis plusieurs décennies avant même que le terme ait trouvé le sens qu’on lui connaît aujourd’hui !
C’est vrai pour le gaz, énergie autour de laquelle, historiquement, le Syndicat s’est constitué et développé. La production de gaz renouvelable est aujourd’hui une de nos priorités. Dans quelques semaines, nous poserons la première pierre de l’usine de méthanisation de Gennevilliers qui produira 30 000 MWh de gaz vert issu du traitement de 50 000 tonnes de biodéchets des franciliens. Ce projet est une fierté. Il a fait évoluer les esprits. Les élus locaux et les services de l’État ont pris conscience de l’importance et de la pertinence de la filière dans la transition énergétique, même si ce que l’on sait des objectifs de la PPE à venir nous rappelle que notre vigilance ne doit pas baisser !
Je précise que, parallèlement à cela, nous venons d’investir aux côtés de la Région et de GRDF dans un fonds décarbonation doté de plus de 60 millions d’euros. Sa vocation est de financer des jeunes sociétés qui œuvrent en faveur de la transition énergétique et, notamment, de la production de gaz renouvelable.
Depuis dix ans, nous accélérons aussi sur la production d’électricité renouvelable avec le développement et le financement de la plus grande ferme photovoltaïque de la région à Marcoussis (58 296 panneaux photovoltaïques sur une surface de 23 hectares…) mise en service en octobre 2021. Elle produit l’équivalent de la consommation d’une population de 10 000 habitants. Ce projet en annonce d’autres en toitures (quatre nouvelles installations depuis janvier), en ombrières et au sol qui se concrétiseront dès cette année.
Nous sommes enfin partie prenante de sociétés de production de chaleur (société VerdY en Yvelines) ou de projets de distribution de chaleur (deux appels d’offres en cours) au même titre que nous encourageons le développement des énergies renouvelables thermiques et de récupération dans le cadre du contrat chaleur renouvelable signé avec l’Ademe.
Bref, nous saisissons tous les outils juridiques et financiers à notre disposition pour nous affirmer tous les jours un peu plus, comme un acteur majeur de la transition énergétique en Île-de-France.
Quels sont les projets du SIGEIF pour renforcer la production de gaz vert et améliorer l’infrastructure de distribution en Île-de-France ?
Plusieurs études en cours sur la production de gaz verts (biométhane et H2) devraient aboutir sur des investissements dans les mois qui viennent. Nous les menons en partenariat avec des syndicats de traitement de déchets (ex. SIOM Vallée de Chevreuse) ou des EPCI de notre territoire (communauté d’agglomération Val Parisis).
Le Sigeif s’intéresse également aux boucles locales hydrogène en partenariat avec le Sigidurs (syndicat de collecte et de traitement des ordures ménagères) et le SIAH (syndicat d’assainissement). Des actions de R&D sont également lancées avec le SIAAP et un institut de recherche PSI.
Cette démarche partenariale est la clé du succès. Nous en sommes convaincus.
Avec l’augmentation des prix de l’énergie, quelles mesures le SIGEIF prend-il pour aider les collectivités locales et les consommateurs à faire face à cette situation ?
Depuis plus de quinze ans, le Sigeif coordonne un groupement d’achat de gaz. 450 collectivités ou bailleurs en sont membres : La Région Île-de-France pour ses lycées, les Départements pour leurs collèges, etc. pour un volume aujourd’hui de 2,7 TWh. Initialement, c’est une facilité administrative que nous leur avons offerte. La massification a permis néanmoins un autre bénéfice : celui d’une économie substantielle. Imaginez-vous que nos adhérents payaient le MWh à 16 euros quand il a dépassé les 300 euros en pleine crise énergétique à l’été 2022 ! Notre stratégie d’achats lissés ne nous épargne pas les soubresauts des marchés mais les amortit, et garantit une performance meilleure que la moyenne.
Par ailleurs, nous lançons actuellement un programme d’action à la performance énergétique à l’attention de nos adhérents. Cela se traduit par la création d’un service d’exploitation et de rénovation énergétique des bâtiments et d’un service d’Assistant à Maîtrise d’Ouvrage (AMO) pour les accompagner dans la réalisation opérationnelle de leurs projets. C’est une offre de service que nous croyons assez puissante compte-tenu des difficultés qu’ont les collectivités à passer à l’action.
Les projets photovoltaïques en autoconsommation collective et le développement de la chaleur renouvelable sont également, dans une certaine mesure, une réponse apportée aux fluctuations du marché de l’énergie.