Quelle est la mission d’IFP Énergies nouvelles et quel est le rôle de la direction Économie et Veille ?

IFP Énergies nouvelles (IFPEN) est un acteur majeur de la recherche et de la formation dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’environnement. Depuis les concepts scientifiques aux solutions technologiques, les programmes de R&I d’IFPEN débouchent sur des innovations valorisables par l’industrie et créatrices d’emplois. Dans le cadre de la mission d’intérêt général qui lui a été confiée par les pouvoirs publics, IFPEN porte ses efforts sur le développement de solutions énergétiques et bas-carbone pour répondre aux défis industriels, économiques et sociétaux de la transition écologique.
Au sein d’IFPEN, la direction Économie et Veille vise à construire une réflexion prospective pour évaluer les conditions technico-économiques, environnementales et sociétales nécessaires au déploiement des filières énergétiques et contribuer à bâtir un positionnement stratégique. Elle apporte son expertise au groupe IFPEN en étudiant le positionnement des différents acteurs sur un marché. Elle intervient également auprès des pouvoirs publics en apportant un éclairage sur les politiques énergétiques internationales, européennes et nationales et en évaluant leurs conséquences économiques, sociales et environnementales. Enfin, elle analyse et met à disposition des informations scientifiques, techniques et économiques sur les énergies fossiles et les énergies renouvelables.

Quelles sont les priorités d’IFP Énergies nouvelles ?

IFPEN s’est fortement investi sur la décennie 2010-2020 pour faire évoluer ses activités en phase avec la transformation du monde de l’énergie. Pour accélérer la transition écologique et contribuer à la décarbonation de l’industrie, nous sommes particulièrement engagés dans le domaine des nouvelles technologies de l’énergie et de la mobilité. Les programmes de R&I s’articulent autour de quatre priorités stratégiques :

  • le climat, l’environnement et l’économie circulaire pour réduire l’impact des activités humaines et industrielles sur le climat et l’environnement. Cette priorité regroupe notamment les travaux d’IFPEN sur le recyclage des plastiques, la chaîne de captage, stockage et valorisation du dioxyde de carbone, les interactions sous-sol-eau-climat et la qualité de l’air ;
  • les énergies nouvelles qui rassemblent les thématiques biocarburants, produits biosourcés, éolien et énergies marines ;
  • la mobilité durable qui se concentre sur la transition du secteur des transports. Les études se concentrent sur trois leviers : l’amélioration de l’intensité énergétique du secteur, la diminution de son intensité carbone et l’amélioration de l’impact environnemental global de la mobilité ;
  • et les hydrocarbures responsables pour satisfaire la demande en énergie et produits chimiques d’origine fossile tout en réduisant leur impact environnemental.

Selon vous, quelle place pour les gaz renouvelables demain ?

Le gaz naturel est souvent perçu comme un combustible de transition car il émet moins de carbone que le charbon et le pétrole. En ce sens, il peut être considéré comme une étape vers un avenir énergétique plus respectueux de l’environnement en remplaçant des combustibles à plus forte intensité de carbone. C’est le cas notamment dans les pays fortement consommateurs de charbon (Asie du Sud). Dans les pays s’orientant vers la neutralité carbone, l’utilisation du gaz naturel sans captage de carbone est amenée à décroître fortement au profit des gaz renouvelables ou des gaz bas-carbone.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie et la crise énergétique qui en a résulté ont mis en lumière la nécessité d’accélérer le développement des solutions alternatives au gaz naturel pour diversifier et décarboner le mix énergétique, mais aussi réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Dans le cadre de la révision de la directive sur les énergies renouvelables (RED III), les membres de l’Union européenne se sont provisoirement prononcés en mars 2023 en faveur d’un accord qui accélérerait le déploiement des énergies renouvelables, en fixant la part minimale à atteindre pour 2030 à 42,5 % au lieu de l’objectif actuel de 32%.
Les attentes sont élevées et les travaux que nous menons à IFPEN sur les gaz renouvelables participent à la solution. Les gaz renouvelables peuvent en effet remplacer au moins partiellement le gaz naturel. On désigne généralement par gaz renouvelable le biométhane, le méthane de synthèse ou encore l’hydrogène vert. Parmi les procédés permettant de produire du biogaz, la méthanisation des résidus agricoles est sans doute le plus avancé. Ce procédé génère du biogaz, qui après épuration, fournit du biométhane. D’autres voies de production des gaz renouvelables sont très étudiées comme la gazéification de la biomasse et/ou de déchets. L’approche Power-to-Gas constitue également une alternative d’intérêt : lorsque l’électricité est d’origine renouvelable, l’électrolyse de l’eau produit de l’hydrogène vert qui en réagissant avec du dioxyde de carbone biogénique génère du méthane de synthèse.
Les gaz renouvelables offrent de nombreux avantages. Ils contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre : ils sont produits à partir de sources renouvelables qui capturent le dioxyde de carbone lors de leur croissance ; en particulier, dans le cas de la méthanisation, ils contribuent également à limiter les émissions de méthane. Les gaz renouvelables peuvent être intégrés dans les infrastructures gazières existantes (gazoducs, stockages), ce qui facilite leur distribution et leur utilisation. Ils peuvent ainsi être stockés et contribuer à pallier l’intermittence des énergies renouvelables. Le biométhane est valorisé directement sous forme de GNV ou est injecté dans le réseau de gaz. En France, le gaz – environ 99 % de gaz naturel et 1 % de biométhane – représente 20 % de la consommation totale d’énergie alors que l’objectif du législateur pour le biométhane est de 10 % pour 2030.
Les ambitions sont donc grandes, mais rendre le biométhane économiquement compétitif par rapport au gaz naturel reste un défi conséquent. C’est pourquoi IFPEN travaille au développement de solutions innovantes pour réduire les coûts de production des gaz renouvelables et pour valoriser les externalités positives. Pour exemple, IFPEN a collaboré avec la société Arol Energy afin de développer une nouvelle technologie de purification du biogaz issu de la méthanisation pour en extraire le méthane et l’injecter dans le réseau. Ce procédé qui utilise un solvant aux amines mis au point par IFPEN pour capter le dioxyde de carbone dans le biogaz, est plus efficace sur le plan énergétique que les solutions membranaires classiques. Le résultat d’exploitation global montre finalement une amélioration de 15 à 20 % sur les tailles d’installations envisagées tandis que le bilan carbone du site affiche une réduction de 25 à 40 % par rapport aux technologies alternatives.