Quel est votre rôle au sein de la Commission des gaz renouvelables ?
Je préside la Commission gaz renouvelables, dont le rôle est d’encourager le développement des gaz renouvelables et bas-carbone (aussi appelés « gaz verts), qui rassemblent la filière méthanisation, dont 80% des projets proviennent du monde agricole, mais aussi de nouvelles filières de production en lien avec le monde des déchets (pyrogazéification, gazéification hydrothermale) et de l’hydrogène (méthanation). La filière gaz renouvelables et bas carbone représente une filière d’avenir indispensable à tous les scénarios de transition écologique. La commission gaz renouvelables constitue également un lieu de discussion des évolutions réglementaires et législatives nécessaires pour accélérer son développement dans nos territoires. La commission est force de propositions, à travers la production de notes de positionnement à destination des ministères et des parlementaires, le plus souvent écrites en coopération étroite avec l’ensemble des parties prenantes de la chaîne gazière (producteurs, associations représentatives…).
Selon vous, quel est le plus grand objectif de la commission pour cette année 2023 ?
L’objectif est naturellement de poursuivre le développement des gaz verts. Depuis la modification en 2020 du cadre de soutien à l’achat du biométhane, aggravée par l’émergence d’un contexte économique défavorable, la filière a subi un véritable coup d’arrêt. Fin 2022, elle représentait un peu plus de 1400 unités de production et un potentiel de production nationale. Le nombre d’initiatives faisant l’objet d’une étude détaillée de raccordement a baissé de 350 en 2019 à 70 en 2021, menaçant ainsi l’avenir de nombreuses entreprises et producteurs locaux. Alors que le ministère a pris conscience des difficultés, le plus grand objectif consiste à peser pour que les nouvelles règles du jeu qui s’annoncent puissent effectivement permettre un redémarrage. Je pense notamment à la révision du tarif d’achat et à la mise en œuvre des certificats de production de biogaz (CPB), qui sont indispensables à la visibilité de long terme dont on besoin les porteurs de projet pour investir, massifier leur production et générer les économies d’échelle attendues, comme au lancement de dispositifs de financement pour les nouveaux gaz.
Les CPB permettront aussi à la filière, à l’instar de l’Allemagne, de basculer progressivement les soutiens pour les plus gros projets de l’offre vers la demande. Ils seront d’autant plus pertinents qu’ils permettront de s’articuler à une ambition forte des pouvoirs publics dans la prochaine Loi de programmation Energie et Climat (LPEC), prévue au Parlement à l’automne. La filière, qui est déjà la seule filière renouvelable à avoir dépassé les objectifs de la dernière Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 2019-2023, ambitionne de doubler ses objectifs, en passant d’un objectif de consommation de gaz renouvelables de 10 à 20% en 2030, soit plus que la part représentée par le gaz russe importé avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Quel avenir pour les gaz renouvelables ?
Sur la base d’études diverses, réalisées par des acteurs publics ou privés indépendants de notre filière (Ademe, INRAE, France Stratégie, Solagro, NegaWatt…), nous estimons le potentiel des gaz renouvelables à 320 TWh en 2050. La cible est réaliste, et intègre des évaluations prudentes et des hypothèses conservatrices. A l’horizon 2050, la transition gazière permettra, sur la base de productions locales, de décarboner l’ensemble des usages du gaz, à commencer par le logement, l’industrie ou la mobilité lourde.
Le développement de la filière méthanisation participe ainsi de la réindustrialisation de nos territoires. Derrière le développement des méthanisateurs, c’est tout un écosystème innovant qui se développe, fort de 500 entreprises, incluant des bureaux d’études, des assembliers, des équipementiers et des entreprises positionnées sur des activités avales – de suivi d’exploitation, d’exploitation et de maintenance. 70 % de la chaîne de valeur repose sur des acteurs français en lien direct avec les collectivités territoriales. L’enjeu des gaz renouvelables, c’est donc bien de développer la première filière mature d’économie circulaire.