Quel est votre rôle au sein du Synasav dans le contexte actuel de la décarbonation ?

Le Syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique (SYNASAV), créé en 1966, est une organisation professionnelle administrée par 21 chefs d’entreprise en activités. Ils sont élus pour 3 ans par l’ensemble des membres du syndicat. Ces administrateurs représentent toutes les tailles d’entreprises (TPE, PME, ETI, GE).

Réunis autour de leur Président national (actuellement Roland BOUQUET), les administrateurs élaborent la politique du syndicat et définissent la stratégie à mettre en œuvre pour représenter les professionnels de la maintenance auprès des institutions et des pouvoirs publics et, plus largement, défendre les intérêts de la profession et des professionnels.

Mon rôle de Directeur général intègre trois grandes missions principales complémentaires triangulaires.

  • La première consiste à gérer et diriger l’entreprise SYNASAV avec le recrutement, l’encadrement et la formation des salariés, la gestion des services aux adhérents, la formation, la qualification des entreprises, les assistances techniques et juridiques, la communication, le recrutement d’adhérents, les relations avec nos partenaires etc.
  • La seconde mission concerne la vie politique du SYNASAV et notamment la préparation et la mise en œuvre des plans d’actions destinés à atteindre les objectifs déterminés en Conseil d’administration. En tant que conseiller du Président et des élus, je suis force de proposition. J’ai donc la chance d’être partie prenante au moment des prises de décisions des élus et en charge de la conception et de la mise en œuvre des plans d’actions avec mes équipes pour atteindre les objectifs fixés.
  • La troisième mission va consister à favoriser les relations et les échanges avec les pouvoirs publics et tous les acteurs de la filière. Avec mon Président, je suis très régulièrement porteur de la voix des professionnels de la maintenance dans toutes les structures et organisations dans lesquelles le SYNASAV dispose d’un mandat, d’un siège où d’une tribune d’expression. J’ai par exemple la chance de représenter les professionnels de la maintenance au sein du Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE).

Diriger une organisation professionnelle suppose donc de coordonner ce triptyque de missions en veillant en permanence à conserver les pieds sur le terrain.

Le hors-sol, ce n’est pas pour moi. J’ai un besoin viscéral d’échanger quotidiennement avec les chefs d’entreprise. Quelles sont leurs problématiques du moment ? En quoi le SYNASAV peut les aider ? Comment les accompagner dans leurs prises de décisions ? Notre organisation professionnelle ne décide pas et ne décidera jamais à la place du Chef d’entreprise. En revanche le SYNASAV se doit de pouvoir les éclairer le mieux possible pour qu’ils puissent prendre la bonne décision au bon moment. Le Conseil d‘administration se doit également de porter la voix du plus grand nombre, ce qui implique de savoir les entendre et surtout les écouter.

Quelles sont les priorités du SYNASAV pour la fin de l’année ?

Le contexte actuel et la conjoncture sont très anxiogènes pour bon nombre de chefs d’entreprises dont le cœur d’activité pour tout ou partie (et donc de son chiffre d’affaires) repose sur l’installation, le remplacement, l’entretien et le dépannage des solutions de chauffage notamment fonctionnant au gaz.

J’ai fait réaliser une enquête nationale, début juillet, auprès de nos 900 adhérents au sujet du projet d’interdiction à venir pour les chaudières gaz dans l’existant comme annoncé par le Gouvernement au début de l’été.

Il ressort que plus de 83% des dirigeants se disent « pessimistes » à « très pessimistes » pour l’avenir de leur entreprise. Voilà le résultat d’annonces intempestives, sur des délais très courts, sans concertation préalable avec la filière.

Cette enquête révèle que 75% de leur chiffre d’affaires actuel est lié au gaz (14,5% à l’électricité, 5,5% au fioul, 2,3% au bois, et 2,3% autre). On peut comprendre l’émoi.

Ceci étant dit on fait quoi ? Les priorités du SYNASAV d’ici à la fin de l’année sont multiples. L’action la plus brûlante à ce jour, c’est de maintenir les échanges avec le Gouvernement et les ministères pour faire comprendre la situation du gaz dans l’existant.

Pour l’avoir déjà vécu avec les annonces de la fin des chaudières gaz dans le neuf, les annonces gouvernementales sur l’existant, sans concertation préalable, créent énormément de confusion chez les acteurs de la filière et surtout auprès des clients.

Pour être très clair, nous avons rappelé au gouvernement que les professionnels de la maintenance que nous représentons sont multi systèmes et multi énergies. Nous ne prenons pas partie pour une solution ou une autre, ou pour telle ou telle énergie.

À un contexte correspond une ou deux solutions. Les professionnels que nous représentons sont les mieux armés pour éclairer le choix des clients en prenant en compte toutes les variables et je dis bien toutes les variables : pertinence environnementale au regard des performances énergétique, de la durabilité (entretien/maintenance) et de la réparabilité des équipements et bien sûr du budget du client.

Pour nos adhérents, la précarité énergétique de certains de leurs clients, ce n’est pas une vue de l’esprit. Certains clients sont réellement en difficulté pour conserver du chauffage et de l’eau chaude à un coût supportable. Y compris ceux ayant déjà bénéficié d’aide par exemple pour remplacer une chaudière par une PAC. Faute d’entretien un certain nombre de PAC seront victimes de pannes importantes nécessitant des réparations assez onéreuses (supérieure à 1 000 €).

Il faut respecter un grand principe de base à mon sens, inciter mais ne pas contraindre. Laissons vivre les appareils performants existant (chaudières THPE), et quand viendra le temps de les remplacer ce sera le moment de réfléchir aux solutions dignes d’intérêt.

Quoi qu’on en dise, ce sera toujours plus intéressant économiquement et écologiquement parlant de remplacer une chaudière de 25 ans d’âge par une chaudière THPE que par une PAC. En consolidant l’approche, tout compris : investissement, installation, entretien, durabilité, consommation et retraitement, il n’y a pas photo, les chaudières THPE devraient toujours bénéficier d’aides incitatives et d’une TVA réduite.

La TVA réduite c’est aussi un sujet prioritaire pour nous d’ici à la fin de l’année.

Les récentes annonces d’une possible suppression de la TVA réduite sur l’installation de chaudières est un non-sens en ce qui concerne les chaudières THPE, en particulier pour les systèmes hybrides et également dans les situations où d’autres technologies ne passent pas !

Nous savons ce qu’il va se passer si cette TVA réduite est supprimée. Le travail au noir va exploser avec l’installation sauvage d’équipements ne respectant pas les règles de sécurité que maîtrisent parfaitement nos professionnels du gaz. Dans bien des cas, dans le cadre d’un remplacement, sans TVA réduite, les clients vont se tourner vers de l’occasion ou des produits achetés en GSB pour s’équiper à moindre coût. QUID de la sécurité ? 

La TVA réduite c’est aussi un sujet pour nous professionnels de la maintenance. Avec une TVA à 10% sur les contrats d’entretien actuellement, si le gouvernement venait à la remettre en cause ce serait à n’y rien comprendre. Prenez le parc de chaudières THPE ayant bénéficié d’aides jusqu’à présent. En annonçant une fin de TVA réduite les contrats d’entretiens prendront 10% d’augmentation, sans compter les effets de l’inflation. Le résultat c’est que bon nombre de clients vont considérer la maintenance comme un poste d’économies alors que c’est une garantie de durabilité des équipements et 8 à 10% de consommation en moins.    

Enfin, et pour faire court, nous poursuivons nos actions sur le recrutement des jeunes, peu importe les systèmes de chauffage, nous manquons de bras aussi bien sur les chaudières que sur les PAC et les appareils de chauffage au bois. Nos filières de formation sont structurées mais nous déplorons une désaffection des jeunes générations pour nos métiers qui pourtant sont porteurs de belles valeurs (environnement, services à l’habitant, technologie, autonomie etc.).

Dernier point qui demeure le fil rouge de notre organisation professionnelle, rappeler en permanence que l’entretien doit être obligatoire et annuel pour tous les systèmes équipant les logements, tant pour le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire mais aussi la qualité de l’air intérieur avec la ventilation et la climatisation. D’ailleurs nous étendons notre qualification professionnelle QUALISAV qui existe déjà sur la maintenance des chaudières gaz et fioul et la Pompe à chaleur, sur les systèmes de ventilation.

Quelle démarche qualité semble la plus pertinente pour une entreprise de maintenance ?

Évidemment, en tant que membre d’habitA+, nous proposons l’appellation « Professionnel du gaz » que ce soit pour l’installation et/ou la maintenance. Nos entreprises sont donc soit PG Installation et/ou PG Maintenance. De même, dans le cadre de l’accès aux aides, la majorité de nos entreprises sont « RGE ».

Mais il existe une qualification professionnelle réellement dédiée à la maintenance et qui nous tient très à cœur, c’est QUALISAV.

Cette qualification d’entreprise née il y a près de 60 ans qualifie les techniciens de maintenance des entreprises sur la base d’une formation et du passage d’un test de contrôle des connaissances. Elle est ouverte à toutes les entreprises sans condition d‘adhésion au SYNASAV.

Pour nos entreprises qualifiées QUALISAV, elles ont la garantie que leurs intervenants disposent des connaissances techniques et règlementaires de base pour intervenir sur une installation, l’entretenir et le cas échéant la réparer/dépanner.

On retrouve un volet très intéressant au regard des caractéristiques des entreprises de maintenance, c’est le volet « savoir être », sachant que le technicien en habitat individuel est au contact des occupants du logement.

La formation s’effectue en ligne, via une plateforme de formation e-learning. Le technicien suit les différents modules de formation quand il le souhaite. La plateforme est ouverte 24h/24h et 7jours/7jours. Il dispose d’un tableau de bord de suivi de ses connaissances et dispose d’un module de test pour contrôler ses connaissances avant l’examen final.

C’est un outil très utile pour les entreprises pour maintenir à niveau les connaissances de leurs techniciens et faire évoluer leurs équipes, notamment pour passer d’une technologie à une autre. C’est la raison pour laquelle, à l’origine spécialisée sur les chaudières gaz et fioul, un QUALISAV maintenance des Pompes à chaleur a été créé il y a 5 ans déjà, et qu’un module Maintenance des ventilations mécaniques est en développement.